Pourquoi ce site ?

Parce qu’un peuple qui perd sa langue perd sa culture, ses racines, son identité.

Pour ne pas humilier les personnes qui ne comprennent pas l’anglais.

Pour ne pas se laisser impressionner, enfumer, escroquer par des personnes qui emploient des mots et expressions que vous ne comprenez pas (et que, parfois, elles ne comprennent pas non plus vraiment).

À défaut d’éviter tous les anglicismes, dont certains sont maintenant si intégrés au langage quotidien qu’il devient éprouvant de lutter, on peut au moins essayer de revenir aux mots et expressions qui existent de longue date, adopter certains réflexes de survie, sans pour autant se fermer à la nouveauté.

Le but est de se faire comprendre de toutes les générations et de tous les milieux, de trouver un compromis entre modernité et tradition.

Pourquoi éviter les anglicismes et les tics de langage ? Pour éviter ça :

« On pouvait penser que le narratif aller s’écrouler, mais c’était sans compter sur les fact-checkers qui ont critiqué un post sur X soi-disant rempli de fake news »

« J’ai passé la night à chatter avec mon webmaster, surtout pour la home page. Au fait, j’ai fait customiser le blog de la startup en ajoutant des sponsors, mais ça a été un vrai challenge. »

« Je ne peux pas venir aujourd’hui, je suis overbookée. En plus, je dois sortir racheter du blush et du lipstick. Mon crush me fait trop rire quand je lui parle de make-up. »

« Cette personne qui travaille par rapport au Louvre, en termes d’expositions, est en charge par rapport aux événements culturels, en termes de budget, par rapport à la mairie de Paris. »

À qui s'adresse ce site ?

Il s’adresse à tous ceux qui ont envie ou besoin de sauver la langue française face au rouleau-compresseur de l’anglais mondialiste.

Il s’adresse aux personnes qui se sentent dépassées par ce vocabulaire et ces nouvelles expressions, qui les empêchent de comprendre un contrat, une émission, leurs enfants ou petits-enfants, les étiquettes de produits, etc.

Il s’adresse aussi bien au grand public qu’aux traducteurs, écrivains, journalistes, créateurs de contenus, enseignants et toute personne ayant besoin d’outils pour faire face à la déferlante anglomaniaque, sans se noyer.

Il contient des façons simples d’éviter les anglicismes, en suggérant des alternatives existantes ou nouvelles.

Il contient des explications sur les façons brutales ou insidieuses dont l’anglais s’infiltre dans tous les aspects de notre vie.

Il me semble que, avant de s’ouvrir à d’autres cultures et d’autres langues, il est nécessaire de commencer par acquérir des fondations solides dans sa propre culture et dans sa propre langue, afin de ne pas tout mélanger et, finalement, comme le moine Salvatore du Nom de la Rose (https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Nom_de_la_rose_(film)), parler toutes les langues sans en parler aucune.

L'anglicisation est-elle une évolution naturelle de la langue française ?

« C’est une évolution naturelle, toutes les langues évoluent, disent certains. C’est le progrès, ma bonne dame ! »

Ce serait un progrès si c’était un apport. Or, il s’agit en réalité d’un appauvrissement. Des mots fourre-tout remplacent les nuances déclinées par plusieurs mots.

On assiste, depuis les années 1940, à une véritable colonisation de notre langue et de notre culture par le rouleau-compresseur de l’anglais mondialiste, que les anglophones eux-mêmes qualifient de globish, c’est-à-dire d’une forme mondialisée de leur langue.

La colonisation anglophone des esprits francophones est telle que, quand vous faites remarquer que le mot anglais qui vient d’être prononcé a son équivalent en français, on vous rétorque que ce n’est pas assez « sexy », pas assez « punchy », pas assez « cool », etc.

Par ailleurs, vous remarquerez qu’aucune autre culture n’a une telle influence sur notre langue. Ni l’espagnol, ni l’arabe, ni le russe, ni aucune autre culture n’a submergé la langue française autant que l’anglais.

Le français sera-t-il bientôt une langue morte ?

Les langues régionales sont déjà mal en point.

Une de mes grands-mères, qui habitait le quartier des Minimes, à Toulouse, m’a raconté que, à l’école, les élèves étaient punis lorsqu’ils parlaient patois (l’occitan, en l’occurrence).

Ainsi, alors que mes grands-parents et les générations précédentes parlaient aussi bien l’occitan que le français, mes parents déjà, ne le parlaient plus. Ils le comprenaient et utilisaient encore des expressions et des mots régionaux. Moi, je ne comprends que quelques mots et expressions. Quant à ma fille, elle ne connaît pas du tout cette langue occitane que, pourtant, tous ses ancêtres parlaient.

Hormis quelques personnes qui, dans les différentes régions de France, tentent de faire perdurer la langue de leurs ancêtres, ou quelques passionnés épris d’histoire et d’étymologies, qui s’intéresse encore aux langues régionales ?

Le français subira-t-il le même sort ? Dans quelques années, des érudits étudieront-ils le français actuel comme on étudie le vieux français, le latin ou le grec ancien ?

Je ne suis pas opposée à l’introduction de mots anglais dans notre langue, à petites doses

Je ne suis pas non plus opposée à l’introduction de mots espagnols, russes ou swahilis, si leur équivalent français n’existe pas déjà, mais ce sont les apports anglo-américains qui se sont transformés en raz-de-marée.

Cependant, même si des versions françaises existent pour certains mots courants, il va maintenant être difficile d’employer « mercatique » à la place de « marketing », « courriel » à la place de « mail » ou « e-mail », de « fin de semaine » à la place de « week-end », etc. tant ces mots sont passés dans le langage courant.

Faut-il pour autant baisser les bras et ne pas chercher à franciser les mots venus de l’étranger ? Ne peut-on pas freiner ce raz-de marée ?

Autrefois, on allait jusqu’à franciser les noms propres anglais mais aussi espagnols, ’italiens, allemands, etc. : Elizabeth the First se dit Élisabeth Ire, Genoa se dit Gênes, Barcelona se dit Barcelone, Bayern se dit Bavière, etc. Ne pourrait-on pas reprendre cette habitude ?

D’après ce que j’entends autour de moi, le rouleau-compresseur de l’anglais fait aussi des ravages en espagnol, italien, allemand, russe, etc.

Qui suis-je ?

Traductrice depuis plus de 30 ans, j’ai vu les mots et la syntaxe anglais s’infiltrer peu à peu dans la langue française. Figurez-vous que j’ai commencé à travailler avant l’utilisation généralisée d’Internet.

L’une des principales tendances que j’observe dans le monde de la traduction (tous domaines confondus) est, d’une part, l’acceptation croissante des mots anglais, là où les traducteurs d’avant essayaient davantage de résister. En effet, même si le traducteur suggère des mots français, les clients imposent parfois des mots anglais « parce que tout le monde comprend ».

Autre tendance dominante, lorsque je corrige les traductions des autres, je constate que, depuis quelques années, je passe mon temps à écrire « anglicisme », « faux ami », « syntaxe anglaise », etc. Le métier de traducteur n’étant pas protégé (contrairement à d’autres métiers comme médecin, ingénieur, avocat ou autre), n’importe qui peut s’improviser traducteur. La plupart des clients n’étant pas francophones, ils n’y voient que du feu, s’intéressant davantage aux tarifs pratiqués par les nouveaux venus.

Moi qui passe mes journées à traduire de l’anglais vers le français, je passe aussi beaucoup de temps à traduire du français anglicisé vers le français désanglicisé.

Je suis passionnée par la langue anglaise et les pays anglophones

J’ai vécu deux ans en Angleterre et neuf ans en Écosse. J’ai aussi séjourné en Irlande et aux États-Unis.

J’ai lu quantité de livres anglophones.

Je regarde souvent des films anglophones.

Dès que j’entends parler anglais, je demande « Where are you from? », c’est plus fort que moi, j’aime beaucoup parler anglais.

Alors, pourquoi ce site ?

C’est parce que j’aime énormément les langues et les cultures francophones et anglophones que j’aimerais contribuer à les préserver, plutôt qu’à les voir disparaître, fusionner pour former une masse informe et mondialisée composée de consommateurs clonés, déracinés, abreuvés de Coca et gavés de McDo et de KFC.

Je ne prétends pas être parfaite

J’emploie régulièrement des anglicismes, pour être comprise de mes contemporains, mais aussi parfois sans m’en rendre compte.

Née à la fin des années 1960, je sais que mon français est moins bon que celui de mes parents et de mes grands-parents. J’ai grandi en entendant à la télévision, dans la rue, dans les films, auprès de mes camarades de classe, un français déjà abîmé par rapport à celui des générations précédentes.

C’est pourquoi je vous invite à m’aider, à me donner votre avis dans les commentaires, sous chaque article. Dans la mesure du possible, donnez-moi des sources pour étayer vos affirmations.

Par ailleurs, n’hésitez pas à me signaler les erreurs et les fautes de frappe éventuelles.

Solutions pour lutter

1. À l’oral, au quotidien, utiliser l’équivalent des anglicismes, quitte à ajouter les anglicismes en question pour nos interlocuteurs qui ne comprennent pas. Par exemple : « Tu peux m’envoyer ton infolettre ? En anglais, on dit « newsletter », mais je préfère la version française. »

2. À l’écrit, utiliser systématiquement les équivalents français des anglicismes, éventuellement en ajoutant les anglicismes entre parenthèses. Par exemple : « N’hésitez pas à citer notre infolettre (newsletter) à vos abonnés (followers) dans vos publications (posts) sur les réseaux sociaux ».

Luttons ensemble… halte aux anglicismes !